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Merci à la revue des Cahiers de civilisation médiévale, n° 240 bis.
Pour leur belle recension de “Chronique des comtes d’Anjou, L. Halphen (éd.), R. Poupardin” Retrouvez le livre ici : http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=4293

La Chronique des comtes d’Anjou a fait l’objet de plusieurs éditions. La dernière en date a été publiée en 1913 par Louis Halphen et René Poupardin. Elle est excellente, et elle a été logiquement reprise ici, avec l’apparat critique de Gérard Jacquin, spécialiste de l’historiographie et du roman des XIIe et XIIIe s.
Ce dernier a traduit et annoté en page impaire cette chronique et il l’a dotée d’une belle introduction, remarquable de clarté, surtout en comparaison de celle des deux éditeurs de 1913. L’un des points forts de cette présentation générale consiste dans les choix
retenus pour la traduction française, parfaitement explicités (p. 13). Tout traducteur d’historiographie médio-latine devrait les avoir présents à l’esprit, car ils proposent les plus adéquates des solutions pour les temps des verbes, la ponctuation, la synonymie, voire plus. Il devrait, du reste, s’inspirer de la traduction qui en découle aussi exacte que claire et élégante. La Chronique relate les faits et gestes d’une dizaine de comtes d’Anjou à partir de Tertulle le Forestier, le fondateur plus ou moins mythique de la lignée, jusqu’à la mort de Geoffroi le Bel en 1151. Elle s’arrête plus longuement sur les principats de Geoffroi Martel (1040-1060) et de Foulque V (1109-1143), roi de Jérusalem. Elle fourmille de renseignements précis – et, au sens positiviste, « vrais » –, mais surtout d’anecdotes romancées à portée épique. Elle est issue de plusieurs rédactions.
La première est due à Thomas, chanoine de Notre Dame de Loches, qui travaille après 1119. Entre 1151 et 1155, elle est remaniée par Maître Robin. Jean, moine de Saint-Martin de Marmoutier aux portes de Tours, la complète encore entre 1164, voire 1169, et 1173. Enfin, Breton d’Amboise, chanoine de Saint-Florentin d’Angers, travaille aussi sur le texte entre 1155 et 1160-1170. Nous conservons leur œuvre dans les manuscrits latins 6218 et 6006 de la Bibliothèque nationale de France, pour lesquels une étude codicologique et une fourchette chronologique manquent en introduction, mais que le catalogue de cet établissement date respectivement du XIIIe et de la deuxième moitié du XIIe ou du XIVe s.
Les quatre a. écrivent en Touraine, où ils disposent de manuscrits conservés à Marmoutier ou à Beaulieu-lès-Loches. Ils utilisent surtout de brèves chroniques attribuées à un abbé Eudes dont on ne sait rien. Après avoir présenté ces moines et chanoines, G. Jacquin aborde la chronique sous un jour exclusivement littéraire. Il analyse, d’abord, l’hypothèse de Ferdinand Lot sur une chanson de geste disparue qui servirait de canevas au récit de la Chronique sur le comte Geoffroi Grisegonelle (958-987). Il se penche, ensuite, sur son vocabulaire, faisant subtilement la part entre les emprunts au latin classique, comme pour le mot consul désignant « comte », et les écarts à son égard. Les bibliothèques à la portée des quatre a. leur permettent de consulter et de citer Salluste, auquel ils empruntent le thème de l’appel par le bon dirigeant d’hommes nouveaux, avides de s’illustrer. Cicéron fournit, quant à lui, un canevas de portraits avec Catilina et Jugurtha. Lucain, le pseudo-Sénèque, Boèce et Sidoine Apollinaire sont également intégrés dans la Chronique. Cette fascination des classiques est telle que ses a., pourtant membres du clergé régulier, réduisent les citations explicites de la Bible à seulement trois occurrences. Ils s’inspirent aussi d’historiens de la première moitié du xiie s., leurs contemporains. Baudry de Bourgueil, Orderic Vital et Lisiard de Tours les aident à décrire les victoires de Saint-Jouin-de-Marnes (1033) sur Guillaume VI d’Aquitaine, de Nouy (1044) sur Thibaud de Blois et de Ramla (1101) sur les Fatimides. En définitive, l’étude des sources de la Chronique traduit un univers intellectuel, propre à la renaissance du XIIe s., où les classiques latins, en particulier stoïciens, se taillent la part du lion. Les manuscrits d’historiens récents ne sont pas en reste, surtout s’ils traitent de la première croisade qui a tant marqué ses contemporains en Occident. Strictement littéraire, l’introduction n’étudie pas les comtes, leur pouvoir, leur culture, leur religiosité ou leur société dans une perspective historique, mais la profusion de notes infrapaginales au fil de la traduction pallie largement ce manque. L’historien regrettera davantage des index de noms et de lieux, même si une carte dessinée à la main (p. 124), qui aurait certes pu faire l’objet d’un travail éditorial de la part des Presses universitaires de Rennes, permet de repérer les toponymes de la Chronique. Autre broutille formelle : le traitement informatique de l’ordre alphabétique de la bibliographie a mis les sources anonymes à l’article défini (p. 130). En dépit de ces détails, bien insignifiants au demeurant, cet ouvrage frôle la perfection. Les médiévistes ne pourront désormais citer que par lui la Chronique des comtes d’Anjou.