
Les Femmes de la Révolution : braves combattantes, humbles héroïnes
Jean-Clément Martin a largement contribué à renouveler cette histoire. Auparavant Jules Michelet en 1854 avait fait publier Les Femmes de la Révolution. Il y présente une série de portraits variés. D’autres approches plus héroïques, tragiques ou sociales continuent cette exploration. Mais c’est l’histoire du genre qui ces dernières années a permis un profond renouvellement.
Les Femmes de la Révolution : Pourquoi s’engager!
Rose Barreau, âgée de 20 ans, se distingue le 13 juillet 1793, à Biriatou dans les Basses-Pyrénées, en tirant sans relâche sur les soldats espagnols et en portant secours à son mari blessé. Femme de courage, Rose Barreau force l’admiration du capitaine de La Tour d’Auvergne. Ainsi en décembre 1793, elle est dans le Recueil des actions héroïques et civiques des Républicains français. Si la loi interdit, dès 1793, à Rose Barreau de s’enrôler, sa transgression est pourtant érigée en modèle. Au point même de lui ouvrir les portes des Invalides en juillet 1832.

L’auteur montre donc comment ces femmes en bousculent les rôles normalement dévolus par le genre. L’itinéraire biographique de plusieurs dizaines d’engagées entre, 1791 et 1815, permet de cerner leurs particularités. En conséquence l’étude porte sur 30 femmes révolutionnaires et 10 mémorialistes vendéennes quand Jean-Clément Martin évalue l’ensemble des femmes à 85 dans toutes ces armées. Certes les motivations varient selon le camp idéologique. Ainsi les révolutionnaires souhaitent défendre la nouvelle République. Au contraire, les vendéennes défendent l’ordre politique et religieux de l’Ancien régime. Parfois le motif est plus personnel car il s’agit simplement de suivre le mari, le père, le frère. D’autres fois, nous dit l’auteure, les deux se confondent.
Les Femmes de la Révolution : leur rôle dans l’armée
Leurs fonctions varient dans les armées révolutionnaires. Bien sûr, on les découvre combattantes, gradées parfois, mais aussi charretières, conseillères, diplomates, espionnes. Auprès de leurs maris, elles peuvent jouer un rôle logistique, affectif et sexuel. Mais ce qui est net c’est que la fonction varie selon les origines sociales et économiques de ces femmes. Dans les catégories de l’histoire du genre se pose la question des processus d’intégration et la capacité des femmes à jouer avec les frontières. Elles apprennent un nouveau métier et sont constamment soumises au besoin de prouver qu’elles ont leur place. Elles tentent entre travestissement, entre deux genres et autres pratiques de s’insérer dans l’armée. Ce travestissement passe par l’adoption de la virilité et de qualités guerrières. Ce faisant, leur rôle de femmes passent derrière leur qualité de soldate même si parfois elles peuvent se servir du vêtement féminin pour échapper à la violence de guerre!
Revenir en société
Pour les femmes républicaines le retour n’est pas simple et il passe par l’obtention d’une pension. Dans cet objectif, les femmes font fonctionner une multitude de réseaux. L’état, les anciens compagnons d’armes, les instituions militaires ou civils participent de la reconnaissance ou non de la combattante. Toutefois pour les vendéennes, la réintégration est différente. D’ailleurs, souvent d’origines nobles, ces mémorialistes utilisent brillamment l’imprimé comme une tribune pour mettre en valeur leurs maris et leurs engagements.
Reconnaissance
Ces femmes ont par la rédaction de leurs mémoires, tant pour les pensions que pour défendre leur cause, su préparer leur reconnaissance. Les mécanismes de construction de leur propre identité se révèle ici passionnant. L’enjeu de cette propre reconstruction est la reconnaissance de pension, de décoration ou de légitimité (pour les vendéennes). En un mot celui de leur avenir. Au final, elles triomphent car la seconde République puis le second Empire donne raison à leur combat.
Voici donc un très beau livre. Le corpus choisi est intelligent et la construction historique passionnante. Les étapes de parcours des combattantes se révèlent judicieux et particulièrement éclairant quand on aborde la construction mémorielle qui se révèle remarquable!
Pour en savoir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rose-Alexandrine_Barreau et https://journals.openedition.org/clio/1418
A découvrir bientôt sur notre site : http://www.pur-editions.fr/